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pierre de ronsard 1524 odeletka pouille/apulia
quand au matin ma deesse s'habille
comme un chevreuil quant le printemps detruit
ciel, air et vents plains et monts decouvers
jaloux soleil contre amour envieux
quand au temple nous serons
que toute chose en ce monde se mue
veufve maison des beaux yeux de ma dame
l'or crespelu que d'autant plus j'honore
de ses maris l'industrieuse heleine
marie levez-vous ma jeune paresseuse
cache pour ceste nuit ta corne bonne lune
terre ouvre moy ton sein et me laisse reprendre
comme on voit sur la branche au mois de may la rose
dois-je voler emplume d'esperance
a mon retour he je m'en desespere
le premier jour de may helene je vous jure
dedans les flots d'amour je n'ay point de support
quoy me donner conge de servir toute femme
puis qu'elle est tout hyver toute la mesme glace
je liay d'un filet de soye cramoise
ostez vostre beaute ostez vostre jeunesse
j'attachay des bouquets de cent mille couleurs
afin qu'a tout jamais de siecle en siecle vive
je plante en ta faveur cest arbre de cybelle
aller en marchandise aux indes precieuses
amour je pren conge de ta menteuse escole
vous triomphez de moy et pource je vous donne
quand vous serez bien vieille au soir a la chandelle
afin que ton honneur coule parmy la plaine
chacun me dit ronsard ta maistresse n'est telle
plus estroit que la vigne a l'ormeau se marie
mignonne allons voir si la rose
lyre doree ou phoebus seulement
ma douce jouvance est passe
pourquoy chetif laboureur
bel aubespin fleurissant
du grand turc je n'ay souci
plusieurs de leurs corps desnuez
par la cruelle guerre on renverse les villes
amelette ronsardelette
l'an se rajeunissoit en sa verde jouvence